L’autre en soi
« Le
microchimérisme se définit par la présence en faible quantité dans un
organisme, sur le long terme, de cellules ou d’ADN provenant d’un autre
individu sans qu’il n’y ait apparemment de réaction de greffon contre l’hôte
(GvDH) ou de rejet de greffe. Il survient à l’occasion d’une transfusion
sanguine, d’une transplantation d’organe et durant la grossesse. Le transit
transplacentaire de cellules est un phénomène constant, bidirectionnel, commençant
vers la quatrième semaine de grossesse. Le transfert cellulaire se faisant dans
les deux directions, deux types de microchimérisme sont rencontrés :
- le microchimérisme fœtal (MCF)
(transfert fœto-maternel) ;
- le microchimérisme maternel (transfert
materno-fœtal).
La situation
se brouille dans la mesure où, au cours de la grossesse, le fœtus peut acquérir
des cellules maternelles d’origine fœtale provenant d’une grossesse antérieure
ou d’un avortement antérieur. C’est ainsi que des hépatocytes masculins ont été
identifiés dans le foie de fillettes n’ayant jamais reçu de produit sanguin. […]
Des cellules
de fœtus mâle ont été identifiées chez des femmes jamais transfusées jusqu’à 27
ans après la naissance d’un garçon »
C. Boyon, P. Collinet, L. Boulanger, D. Vinatier (2011) Microchimérisme fœtal : un bien ou un mal pour le fœtus et sa mère ? Gynécologie Obstétrique &
Fertilité, Volume 39, Issue 4, Pages 224-231.
Mieux se souvenir de soi par l’autre en soi ??....
Par le passé, certaines études
tendaient à mettre en avant un lien entre nombre de grossesses et risque de
développer la maladie d'Alzheimer. Une récente étude dirigée par J. Lee Nelson
du Centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson et parue dans la revue PLoS One suggère que des cellules
fœtales, par le truchement du microchimérisme, iraient se placer dans le
cerveau de la femme enceinte et pourraient protéger celle-ci de l'apparition de
la maladie d'Alzheimer.
Abstract: “In humans, naturally acquired microchimerism has been
observed in many tissues and organs. Fetal microchimerism, however, has not
been investigated in the human brain. Microchimerism of fetal as well as
maternal origin has recently been reported in the mouse brain. In this study,
we quantified male DNA in the human female brain as a marker for microchimerism
of fetal origin (i.e. acquisition of male DNA by a woman while bearing a male
fetus). Targeting the Y-chromosome-specific DYS14
gene, we performed real-time quantitative PCR in autopsied brain from women
without clinical or pathologic evidence of neurologic disease (n = 26), or
women who had Alzheimer’s disease (n = 33). We report that 63% of the females
(37 of 59) tested harbored male microchimerism in the brain. Male
microchimerism was present in multiple brain regions. Results also suggested
lower prevalence (p = 0.03) and concentration (p = 0.06) of male microchimerism
in the brains of women with Alzheimer’s disease than the brains of women
without neurologic disease. In conclusion, male microchimerism is frequent and
widely distributed in the human female brain”.
(2012) Male Microchimerism in the Human Female Brain. PLoS ONE
7(9): e45592.
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