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lundi 18 février 2013

hypnose?


五代目 坂東 玉三郎 Godaime Bandō Tamasaburō. Born in 1950.

"The frontier is not clear. I am a man, I have never been a woman. The same concept of onnagata is based on a man's imagining of a woman. It goes a lot further than a simple physical transformation".

"The real Tamasaburo is in front of you. On stage I am a dream, maybe just a creation. It's on stage that I am happiest".





Brigitte Salino, Le Monde, 07.02.2013
"Prestation ? Le mot convient mal, tant l'art de Tamasaburo Bando échappe au vocabulaire usuel. Mieux vaut citer Katsushika Hokusai (1760-1849), le peintre qui a signé les fameuses estampes des "36 vues du mont Fuji" : "Quand j'atteindrai 110 ans, je poserai un point - un seul - sur une toile blanche, et ce point sera vivant." Ce "point vivant", on le voit quand on voit Tamasaburo Bando. Il s'inscrit dans la blancheur d'une nuque longue et étirée comme le cou d'un cygne, il se love dans le mouvement d'un bras qui se fond dans la soie sublime, il se reproduit dans l'infini d'une ligne pure dessinée dans l'espace par une ombrelle, il claque dans le son d'un saut infime, il s'incarne dans une paupière qui se baisse, et il atteint la beauté pure dans l'ondoiement des mains de l'artiste élevé au rang de "trésor national vivant".




Tamasaburo Bando a 62 ans, et toute sa vie dans l'art, depuis l'enfance, repose sur une "union illégitime du rêve et de la réalité", pour reprendre l'expression de Yukio Mishima, qui l'admirait et a écrit une pièce pour lui. De cette union est née l'onnagata, soit l'homme représentant la femme, dans la tradition japonaise qui remonte au XVIIIe siècle. Mais cet homme n'est pas simplement travesti. Il épouse la sensibilité féminine, dont il représente un idéal qui repose sur l'absolu de l'ambiguïté. C'est là que Tamasaburo Bando atteint au génie. Chez lui, l'ambiguïté est si troublante qu'elle suscite une émotion à nulle autre pareille : celle d'une sorte d'éternité du regard que l'on ignorait en soi. Et cette éternité du regard fait que, à chaque instant, on a l'impression de se tenir devant un paysage". <+>