Et comment, alors, cet homme, retombe-t-il dans la ‘vallée
du manque’ ? Comment se remet-il à ressentir quelque désir, lui qui ne
(le) ressentait pas, ou seulement comme violence, violation ? N’est-ce pas
en assumant, au-delà du vrai et du faux, la reconnaissance que les autres ont
de lui ? Ce sont les autres qui les premiers le reconnaissent comme
désirant, et répandent la rumeur que cet homme serait tombé amoureux de sa
charmante assistante. L’homme le nie d’abord ; puis l’accepte, assume d’être
cet homme désirant que les autres désignent : « tu es cela ».
Quant à l’assistante, alors enceinte, elle nie avec
fermeté la paternité du géniteur, tout en laissant alors une place vide où l’homme
peut alors s’assumer père.
Aux paroles et aux actes de cet homme minimal, l’autre
répond par une injonction à désirer « que
veux-tu ? » ; l’homme la rejette d’abord : rien, rien,
rien, rien que parler à l’anguille qui ne répond jamais, ne questionne jamais ;
l’homme reprendra ensuite cette question : « que me veut-elle ? » ; « à quelle place me veut-elle ? » ; « quelle place me demande-t-elle d’assumer ? ».
et c’est par ces basculement de points d’interrogation, peut-être, qu’il
retombe dans la ‘vallée du manque’.
« Ce
Che vuoi ? est la réponse de l'Autre à cet acte de parler du sujet »
Lacan,
J. Le désir, Séminaire VI, 19 nov.
1958.
« le
désir de l'homme est le désir de l'Autre, où le de donne la détermination dite
par les grammairiens subjective, à savoir que c'est en tant qu'Autre qu'il désire
[…] C’est pourquoi la question de l'Autre qui revient au sujet de la
place où il en attend un oracle, sous le libellé d'un : Che vuoi ? que veux-tu ?
est celle qui conduit le mieux au chemin de son propre désir, - s'il se met, grâce
au savoir-faire d'un partenaire du nom de psychanalyste, à la reprendre, fût-ce
sans bien le savoir, dans le sens d'un : Que me veut-il? »
Lacan, J. Subversion
du sujet et dialectique du désir, 1960. Dans : Ecrits, pp. 814-5.
« Che vuoi ?, Que veux-tu ? […]
Que
me veut-Il ? […]
Que
veut-Il à moi? […]
Comment me veut-Il ? […]
Que veut-Il concernant cette place du moi ? »
Lacan, J. L’angoisse,
séminaire X, 14 nov. 1962.
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