"...ce qui retient les corps invisiblement?
S’il m’était permis d’en donner une image, je la prendrais aisément de ce
qui, dans la nature, paraît le plus se rapprocher de cette réduction aux
dimensions de la surface qu’exige l’écrit, et dont déjà
s’émerveillait Spinoza – ce travail de texte qui sort du ventre de l’araignée,
sa toile. Fonction vraiment miraculeuse, à voir, de la surface même surgissant
d’un point opaque de cet étrange être, se dessiner la trace de ces écrits, où
saisir les limites, les points d’impasse, de sans-issue, qui montrent le réel
accédant au symbolique."
Jacques Lacan, Le séminaire, Livre XX, Encore (1972-1973) ,
« Le savoir et la vérité » (10 avril 1973), Paris, Seuil, 1975, p. 85.
"L'expression « ce qui retient les corps» me paraît elle-même riche de résonances:
- dans la retenue, il y a le fait de se retenir, l'inhibition, qui fait que notre corps ne fait pas n'importe quoi mais nous obéit; la retenue donc qui empêche les corps de s'agglomérer en masse les uns aux autres, mais qui leur fait maintenir entre eux une distance qui leur permet de se mouvoir les uns par rapport aux autres. Évidemment, la façon la plus raffinée de se mouvoir les uns par rapport aux autres, c'est la danse, ce pourquoi Lacan a dit que cet art fleurissait quand les discours tenaient en place ;
- dans la retenue il y a aussi le fait de retenir un objet, ou quelqu'un, le fait donc que les corps ne s'éloignent pas trop les uns des autres, voire quelquefois se retiennent l'un l'autre au point de s'étreindre, sinon de s'étriper - les corps se font l'amour, et la guerre. Je ne sais trop si la guerre est un art qui fleurit quand les discours ne tiennent pas en place, mais pour l'étreinte copulatoire, il n'est pas douteux qu'elle s'origine d'un fait de discours.
Les discours sont des façons de retenir les corps."
- dans la retenue, il y a le fait de se retenir, l'inhibition, qui fait que notre corps ne fait pas n'importe quoi mais nous obéit; la retenue donc qui empêche les corps de s'agglomérer en masse les uns aux autres, mais qui leur fait maintenir entre eux une distance qui leur permet de se mouvoir les uns par rapport aux autres. Évidemment, la façon la plus raffinée de se mouvoir les uns par rapport aux autres, c'est la danse, ce pourquoi Lacan a dit que cet art fleurissait quand les discours tenaient en place ;
- dans la retenue il y a aussi le fait de retenir un objet, ou quelqu'un, le fait donc que les corps ne s'éloignent pas trop les uns des autres, voire quelquefois se retiennent l'un l'autre au point de s'étreindre, sinon de s'étriper - les corps se font l'amour, et la guerre. Je ne sais trop si la guerre est un art qui fleurit quand les discours ne tiennent pas en place, mais pour l'étreinte copulatoire, il n'est pas douteux qu'elle s'origine d'un fait de discours.
Les discours sont des façons de retenir les corps."
Marc Strauss, 2011, Le miracle de l'araignée, Dans: Le champ Lacanien, n°9: Le mystère du corps parlant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.