dimanche 10 juin 2012

qui est cette femme dont je tombe?



« Jusqu’où [Médée] en vint à devenir ce que [Jason] la fit être, reste impénétrable, mais le seul acte où elle nous montre clairement s’en séparer est celui d’une femme, d’une vraie femme, dans son entièreté de femme » (Lacan J. 1958. Jeunesse de Gide. Dans : Ecrits, p.261)

Être une femme. Être ce que l’homme aimé désire. Puis ne plus l’être. Ne plus être une femme (pour lui). Seulement être une mère, avoir un enfant. L’homme aimé fait d’une autre une femme, l’objet de son désir.
User alors de son savoir, pour tuer celle pour qui l’homme qu’elle aime l’a destituée de son être-femme. Si je ne suis plus femme (pour lui), qu’elle ne le soit pas non plus. Si je perds l’objet de mon désir, qu’il perde le sien.
Puis tuer ce qui peut s’avoir, l’enfant, pour ainsi ne plus être-mère. Si ne plus être-femme pour l’homme me fait n’être que mère pour l’enfant, que n’être plus mère me fasse être La femme, au-delà d’être et d’avoir l’objet de l’homme. Et jouir. Toute pas-toute.
Exil de la terre paternelle, et fratricide: pour être femme, elle ne fût plus ni fille, ni sœur. Régicide: elle coupe l’homme aimé de l’objet de son désir et de toute descendance. Infanticide: pour être La femme, elle n’est pas mère.



 Carlotta Ikeda, danseuse Butô, incarne Médée sur un texte de Pascal Quignard

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