dimanche 4 novembre 2012

mise amour



« la besogne de la Mort sur l'Amour : un corps que l'amour avait transformé et qui, devenant cadavre, redevient un corps, un élément radicalement étranger. Haneke, qui s'est toujours revendiqué grand lecteur d'Adorno, a probablement lu la belle définition que ses Minima moralia donnent de l'amour, comme de « l'aptitude à déceler le semblable dans le dissemblable ». Sur le lit où Riva se raidit, Haneke filme exactement l'inverse : le retour brutal du dissemblable. » (+)

… mais justement, l’Amour est… n’est-il pas l’accueil du corps étranger, de l’Autre, du dissemblable, de celui que je ne re-connais pas, de celui que jamais je ne serai, que jamais je ne saurai ; la besogne de l’Amour sur la Mort est, n’est-elle pas d’opérer une alchimie sur le corps de l’Autre, qui me permet alors de le toucher dans sa dis-semblance, de le déshabiller ? Si Haneke filme la brutalité du dissemblable, mais si les visages ne se voilent pas, les yeux ne cillent pas, c’est qu’en effet un « intrus est entré dans la maison » (+), mais que dans cette maison de l’Amour, il séjournait déjà. L’attaque cérébrale n’inaugure pas tant la rupture d’un amour familier, d’un amour du semblable, que la radicalisation, peut-être, de cet Amour qui serait accueil de la dissemblance, jusqu’au seuil de l’insupportable aliénation. Ce qui fait passer ce seuil, c’est Anne vivante mais refusant obstinément de vivre encore ; ce n’est pas la Mort. 


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