mercredi 27 février 2013

go away






She was

When she was home
she was a swan
when she was out she was a tiger
and a tiger in the wild is not tied to anyone

when she was lost
she was a toad
the day I found her on the road
I gave her water and a rose
and as she stretched
the sun rose

go
go
go
go away...

when she was young
she was a cow
and all day long
she milked the stars
she taught me
women to survive
must be unfaithful to their child
of all the wonders of the world
she was a lady with a bird
she must have had so many lives
was it the first?
was it the last?

go
go
go
go away

when she was ill
she was a whale
she was so patient she would wait
until I sang her by the lane
the sweetest tunes to ease her pain

when she was old
she was an owl
I saw her swaying in the sky
and when she died inside my arms
I realised she was a cat

go
go
go
go away..

sometimes I wonder
if my child
will have her eyes
to see through me
and when I die
and I am born again
what will I be?
a stone?
a cat?
a tree?

go
go
go
go away...


mardi 19 février 2013

lundi 18 février 2013

hypnose?


五代目 坂東 玉三郎 Godaime Bandō Tamasaburō. Born in 1950.

"The frontier is not clear. I am a man, I have never been a woman. The same concept of onnagata is based on a man's imagining of a woman. It goes a lot further than a simple physical transformation".

"The real Tamasaburo is in front of you. On stage I am a dream, maybe just a creation. It's on stage that I am happiest".





Brigitte Salino, Le Monde, 07.02.2013
"Prestation ? Le mot convient mal, tant l'art de Tamasaburo Bando échappe au vocabulaire usuel. Mieux vaut citer Katsushika Hokusai (1760-1849), le peintre qui a signé les fameuses estampes des "36 vues du mont Fuji" : "Quand j'atteindrai 110 ans, je poserai un point - un seul - sur une toile blanche, et ce point sera vivant." Ce "point vivant", on le voit quand on voit Tamasaburo Bando. Il s'inscrit dans la blancheur d'une nuque longue et étirée comme le cou d'un cygne, il se love dans le mouvement d'un bras qui se fond dans la soie sublime, il se reproduit dans l'infini d'une ligne pure dessinée dans l'espace par une ombrelle, il claque dans le son d'un saut infime, il s'incarne dans une paupière qui se baisse, et il atteint la beauté pure dans l'ondoiement des mains de l'artiste élevé au rang de "trésor national vivant".




Tamasaburo Bando a 62 ans, et toute sa vie dans l'art, depuis l'enfance, repose sur une "union illégitime du rêve et de la réalité", pour reprendre l'expression de Yukio Mishima, qui l'admirait et a écrit une pièce pour lui. De cette union est née l'onnagata, soit l'homme représentant la femme, dans la tradition japonaise qui remonte au XVIIIe siècle. Mais cet homme n'est pas simplement travesti. Il épouse la sensibilité féminine, dont il représente un idéal qui repose sur l'absolu de l'ambiguïté. C'est là que Tamasaburo Bando atteint au génie. Chez lui, l'ambiguïté est si troublante qu'elle suscite une émotion à nulle autre pareille : celle d'une sorte d'éternité du regard que l'on ignorait en soi. Et cette éternité du regard fait que, à chaque instant, on a l'impression de se tenir devant un paysage". <+>





dimanche 3 février 2013

il n’y a pas de règles formelles, sais-tu ?




殯の森
Mogari no mori 
La Forêt de Mogari


A propos de Mogari. C’est la période consacrée au deuil, à regretter le mort vénéré.
Ou encore le lieu du deuil. L’étymologie de ce mot serait « Mo Agari », la fin du deuil.



« C'est quand nous trouvons du réconfort dans des choses immatérielles telles que les sentiments humains, la lumière et le vent, ou l'ombre de quelqu'un qui vient de mourir, que nous pouvons alors assumer notre solitude »
Naomie Kawase

samedi 2 février 2013

dire un corps



« Le vide. Face aux yeux écarquillés. S’écarquillant où faire se peut. Toutes parts. En haut en bas. Ce champ étroit. Savoir pas plus. Voir pas plus. Dire pas plus. Ça seul. Ce petit peu de vide seul. […] Les yeux. Temps d’essayer d’empirer. Tant mal que pis essayer d’empirer. Plus clos. […] Deux trous noirs. Noir obscur. Entrée à travers crâne jusqu’à la substance molle. Exit hors substance molle à travers crâne. Béants du visage invisible. Ça la faille ? Ça le défaut de faille ? Essayer mieux plus mal enchâssés dans crâne. Deux trous noirs dans l’avant crâne. Ou un. Essayer mieux plus mal encore un. Un trou noir obscur au centre avant crâne. En quoi l’enfer de tout. Hors quoi l’enfer de tout. Ainsi à défaut de pire dire l’écarquillé désormais »

“The void. Before the staring eyes. Stare where they may. Far and wide. High and low. That narrow field. Know no more. See no more. Say no more. That alone. That little much of void alone. […] The eyes. Time to try worsen. Somehow try worsen. Unclench. […] Two black holes. Dim black. In through skull to soft. Out from soft through skull. Agape is unseen face. That the flaw ? The want of flaw ? Try better worse set in skull. Two black holes in foreskull. Or one. Try better still worse one. One dim black hole mid-foreskull. Into the hell of all. Out from the hell of all. So better than nothing worse say stare from now”

Samuel Beckett, Cap au pire ; Worstward Ho.