mardi 7 août 2012

Tu es cela



L’identité n’est pas réflexivité. Elle est d’abord et toujours regard, déclaration, désignation de l’autre. Monsieur Klein, c’est vous. Affirmation. Attribution d’une identité qui n’est pas à démontrer. La charge de la preuve revient à celui qui voudrait ne pas être Monsieur Klein.
Monsieur Klein cesse d’occuper sa place de sujet dès qu’un autre vient y occuper l’adresse : il ne découvre pas seulement les « Informations Juives » jusqu’au pas de sa porte ; il est également mis face à la « distinction de la place déblayée pour le sujet sans qu’il l’occupe, et du Moi qui vient s’y loger », étrangeté de cette « rencontre du sujet avec l’image narcissique […] dans des conditions qui lui font apparaître qu’elle usurpe sa place » (1). Cette image, ce nom, ce Moi, cet autre identifié par l’autre comme moi-même, il s’y « précipite » et « s’objective dans la dialectique de l’identification à l’autre » (2). Cet « autre » est littéralement autre, rejeté en tant que tel. Puis il perd son altérité. Et ce justement parce que l’objectivation précède ici l’identification à l’autre et la permet, l’accélère. Objectivé par l’autre, Monsieur Klein cesse d’occuper sa place de sujet et quelque Moi peut alors en usurper l’adresse. Il court alors littéralement « jusqu’à la limite extatique du ‘Tu es cela’, où se révèle à lui le chiffre de sa destinée mortelle » (3).






1. Jacques Lacan. 1960. Remarque sur le rapport de Daniel Lagache : « Psychanalyse et structure de la personnalité ». Dans : Ecrits. Seuil. p.668.
2. Jacques Lacan. 1949. Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je telle qu’elle nous est révélée dans l’expérience psychanalytique. Dans : Ecrits. Seuil. p.94.
3. Ibid. p.100.





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