mardi 1 mai 2012

Mère de grâce


La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne
1501-1519
Léonard de Vinci

Hannah (de l'hébreu חנה, grâcieuse).



Philippe Sollers. 2004. Sainte-Anne. Corrélats (2/3)

« un lieu que je suppose plein d’oreilles. Cet hôpital Sainte-Anne […] fondé à l’intention des pesteux sous l’influence – 1650 – d’Anne d’Autriche. […]  
Anne d’Autriche […] devait transmettre la royauté française […] vouée à Marie, à la Vierge Marie […] mère de Louis XIV. […]

Anne est la mère de Marie, donc la grand-mère du Christ. […]
La Vierge […] est tout sauf une déesse de la fécondité. Elle accomplit quelque chose comme la naissance de Dieu, une fois pour toutes. […] Léonard de Vinci se signale parmi tous les peintres italiens comme n’ayant jamais peint ni Crucifixion, ni Pietà. Il a fait ce tableau et nous devons comprendre comment cela implique qu’on n’entre ni dans la Crucifixion, ni dans la Pietà. Il s’agit bien entendu d’un défi porté au judaïsme en général. On n’est plus dans l’intervention d’un Dieu qui prélèverait une côte sur le corps masculin pour en faire du « femme ». Il y a donc eu une longue incubation où du féminin engendre du féminin qui engendre son principe causal, sans que l’on puisse jamais distinguer une cause, par rétroaction entre le corps et l’esprit ou la chair et le Verbe. »